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Bilan estival 2025, des niveaux dans les moyennes, mais hétérogènes
L’été 2025 a été marqué par des conditions météorologiques contrastées en Alsace. Ces évolutions ont influencé à la fois les débits des cours d’eau et les niveaux de la nappe phréatique. Retour sur une période où les ressources en eau souterraine ont réagi de manière différenciée selon les secteurs.
Pluviométrie : début d’été dans les normales, suivi d’un arrosage plus généreux
Les pluies ont été proches ou supérieures aux normales, mais très inégales selon les secteurs. En juin, l'Alsace a reçu en moyenne 76 mm, avec de fortes différences liées aux orages. En juillet, les cumuls ont légèrement dépassé la normale, entre 50 et 150 mm. En août, le contraste s’est accentué : le Haut-Rhin a été bien plus arrosé, tandis que le Bas-Rhin est resté un peu déficitaire, avec des valeurs de 30 à 200 mm. L’été se caractérise ainsi par des pluies très irrégulières, souvent orageuses. Ces épisodes intenses mais localisés ont soutenu la recharge superficielle dans les secteurs les plus réactifs.
Des cours d’eau durablement déficitaires malgré les précipitations
Malgré les épisodes pluvieux parfois importants, les débits des cours d’eau sont restés inférieurs aux moyennes saisonnières durant l’ensemble de l’été. Si les orages de juin ont permis une amélioration ponctuelle, les déficits ont persisté et se sont accentués en juillet. En aout, les précipitations ont été bénéfiques aux débits, bien qu’ils soient restés en dessous des normales pour une majorité de cours d’eau.
Des niveaux de nappe globalement proches des normales, mais des dynamiques divergentes
Les niveaux relevés sont globalement proches des normales constatées depuis 1976 à l’échelle de la nappe rhénane, et l’été 2025 est à la 30ème place sur 50 des étés les plus secs.

L’été 2025 met en évidence la réactivité différenciée des secteurs de la nappe en Alsace. Si les pluies estivales, particulièrement en août, ont permis une amélioration sensible des débits et une stabilisation des niveaux de nappe, les déficits hydrologiques accumulés au printemps et en début d’été sont restés visibles. Le long de la bande rhénane, les niveaux demeurent au-dessus des normales, comme ces dernières années.

Chronologie des indicateurs des niveaux estivaux moyens à l'échelle de la nappe d'Alsace. En bleu, les années où les niveaux ont été supérieurs aux normales de saison, en rouge, inférieurs.
Focus sur le Grand Ried
Dans ce secteur particulièrement réactif, les niveaux minimaux ont été inférieurs à la normale, conséquence des périodes de canicule et de sécheresse fin juin et mi-aout. Le 21 août 2025, plusieurs bassins (Bruche, Ehn, Andlau, Giessen, Liepvrette) étaient d’ailleurs placés par arrêté préfectoral en alerte sécheresse renforcée. On constate depuis 2015 une aggravation des étiages estivaux dans le Grand Ried, avec des valeurs extrêmes plus fréquentes ces dernières années et des variations importantes d’une année à l’autre (2015 -2016, 2021-2022).

Chronologie des indicateurs des niveaux estivaux minimaux à l'échelle de la zone Grand Ried. En bleu, les années où les niveaux ont été supérieurs aux normales de saison, en rouge, inférieurs.
Bilan
Si les niveaux de la nappe durant l’été 2025 sont restés globalement dans les normales saisonnières sur l’ensemble du territoire, la situation est différente dans le Grand Ried. Cette zone, très connectée aux cours d'eau et caractérisée par une faible profondeur de la nappe, réagit de manière beaucoup plus sensible aux conditions climatiques extrêmes.
Les épisodes de canicules et les pressions anthropiques accrues y entraînent des baisses de niveau plus marquées et plus rapides qu’ailleurs. Cette réactivité importante traduit la vulnérabilité du Grand Ried aux variations climatiques et aux prélèvements, notamment pour l’irrigation en été : dans ce secteur, la nappe répond quasi immédiatement aux déficits d’alimentation et aux périodes d’évapotranspiration intense.
En comparaison, les autres secteurs disposent d’une inertie hydrogéologique plus importante, ce qui amortit partiellement les effets des épisodes chauds. Le Grand Ried apparaît ainsi comme un indicateur précoce et sensible des conditions extrêmes sur les écosystèmes, nécessitant une attention particulière dans la surveillance et la gestion de la ressource.
Méthode
Le bilan repose sur l’analyse des périodes de retour des données enregistrées depuis 1976, pour 102 points de mesures répartis sur l’ensemble de la partie alsacienne de la nappe rhénane, dont 17 sur le secteur du Grand Ried. La période correspond aux mois de juin à septembre.
Traitement des données et contact
Fabien Toulet, fabien.toulet@aprona.net